Photo : Films Séville

Marie-Josée Croze, vedette du film Mensonges et trahisons.

«Comment penses-tu que ça va marcher au Québec? » ont demandé le réalisateur Laurent Tirard et l'acteur Edouard Baer à Marie-Josée Croze, qui allait être la seule à faire la traversée de l'Atlantique pour assurer la promotion du film Mensonges et trahisons, en salles demain chez nous.

À cette question, la comédienne a répondu n'en avoir aucune idée. Mensonges et trahisons, comédie romantique tout ce qu'il y a de plus franchouillard, a reçu un bel accueil dans l'Hexagone- où il a été le film le plus populaire de l'année après Les Choristes. On ne voit pas pourquoi cela ne plairait pas aux Québécois, même si Marie-Josée Croze a dû prendre l'accent de nos cousins pour tenir le rôle de Muriel- le premier rôle féminin du film. Et disons franchement que c'est mieux ainsi, puisqu'elle aurait probablement passé pour la «Québécoise de service» si on en avait décidé autrement.

Pour Marie-Josée Croze, dont la carrière française semble sur les rails puisqu'elle a joué dans quatre films en France cette année, prendre l'accent n'a pas été difficile et n'a suscité aucun commentaire chez ses collègues, la critique ou le public. « Les Français croyaient que j'étais Française quand ils ont vu Les Invasions barbares. Il semblerait que je n'ai pas l'accent québécois. Je ne suis pas très folklore pour eux, disons. Je change facilement d'accent. C'est un truc d'oreille, de mimétisme. Et ce n'est pas étrange de m'entendre, parce que je ne fais pas une caricature de Française, à mon avis. De toute façon, en France, les comédiens belges ou suisses doivent aussi modifier leur accent. »

De fait, après quelques minutes, on cesse de remarquer ce « détail » dans le jeu de Marie-Josée pour finalement embarquer dans l'histoire qui, elle, a des sonorités universelles, du moins pour ceux qui ont vécu la crise de la trentaine.

Raphaël (Edouard Baer) est un écrivain fantôme dans une maison d'édition pour laquelle il ne signe PAS les biographies de célébrités. Il se dit satisfait de son sort, mais, au fond, ce n'est pas le cas. Parce qu'au fond... dans ses tiroirs, il y a un manuscrit de roman. Ce manuscrit, refusé il y a quelques années par les éditeurs- refus qu'il n'a pas encore gobé-, revient le hanter quand il entame une liaison avec Muriel (Marie-Josée Croze), jeune femme franche et décidée, qui lui pousse dans le dos pour qu'il reprenne la plume à son compte. Sa vie amoureuse se corse lorsqu'il se retrouve à écrire l'« autobiographie » d'un athlète quasi analphabète (Clovis Cornillac) qui s'avère être le conjoint de Claire (Alice Taglioni), une ancienne flamme que Raphaël n'a pu oublier...

En somme, Raphaël devra arrêter de se mettre la tête dans le sable et devenir un homme. En cessant entre autres de mentir aux autres et à lui-même, mais c'est le cas de tous les personnages du film, selon Marie-Josée Croze. « C'est vraiment bien construit, dit-elle. L'humour repose sur des situations réelles poussées à l'extrême. Autant Raphaël est lâche et indécis, autant Muriel est forte et sait ce qu'elle veut. Mais elle aussi ment en disant: Tu peux me quitter, je ne vais pas te faire chier. Ce film tourne autour de l'orgueil de tous les personnages, qui s'agitent par orgueil et qui sont finalement victimes de cet orgueil. »

Chantal Guy, collaboration spéciale, La Presse, Montréal